- BULGARES (POPULATIONS)
- BULGARES (POPULATIONS)BULGARES POPULATIONSIl est admis que les courants d’émigration bulgare des cinq derniers siècles, en dehors de la péninsule, étaient dus à l’oppression du pouvoir ottoman. Mais ces courants d’émigration partaient en réalité des montagnes de la Srednya Gora, du Balkan et du Rhodope, c’est-à-dire de régions qui échappaient presque totalement à l’administration ottomane. Il faut donc admettre que les courants d’émigration n’étaient aucunement politiques, mais qu’ils venaient du trop-plein de population des montagnes et se déversaient dans les pays qui offraient des emplois citadins ou des terres cultivables. La preuve en est le fait que le plus important mouvement migratoire bulgare, celui de la Srednya Gora et du Balkan, vers la plate-forme bas-danubienne, vers le littoral de la mer Noire et le bassin de la Maritsa, continue même de nos jours. Ainsi les habitants de Koprivchtitsa (Srednya Gora), notamment, parcoururent comme marchands de bétail et de produits d’élevage la moité orientale de la péninsule et s’installèrent, après le départ des Grecs et des Turcs, dans des villes comme Zlatitsa, Pirdop, Kazanlak, Stara et Nova Zagora, Plovdiv.Au XIXe siècle, on a constaté une importante migration vers la Thrace en provenance du bassin de la Maritsa et de la plate-forme bas-danubienne; ces émigrants formèrent les îlots de population bulgare de la région. Des jardiniers bulgares s’installèrent en masse à Istanbul et dans ses alentours, mais aussi dans la vallée de la Morava. Au XVIIIe siècle, il y eut des migrations de citadins bulgares, dont la cause fut, pour une faible part, les guerres austro-russo-turques et, pour l’essentiel, des raisons économiques. Ces migrations étaient dirigées vers le Banat, la Roumanie et surtout la Bessarabie méridionale et la Dobroudja. Ce qui attira les citadins bulgares au-delà du Danube, ce fut l’essor du commerce après la paix de Kutchuk-Kaïnardji, et surtout après le traité d’Andrinople; en 1800, il y aurait eu 100 000 Bulgares en Moldo-Valachie. Il faut noter un autre facteur qui provoqua la création d’un grand courant d’émigration d’agriculteurs et de pasteurs bulgares; c’est la politique tsariste de peuplement des vastes steppes de l’Ukraine et de la Bessarabie: pendant la seule année 1830, le général Diebitch, commandant en chef de l’armée russe en Bulgarie, qui y avait entrepris une propagande pour attirer des émigrants bulgares, délivra 86 700 billets de départ, dont 61 580 pour la Bessarabie, 2 745 pour Odessa, 2 147 pour la Crimée, 14 713 pour la Moldavie et 5 515 pour la Valachie.Les trois principaux courants d’émigration bulgare sont celui de Constantinople et de sa région, celui de Valachie et celui de la Russie du Sud (Bessarabie-Ukraine). Les communautés formées dans ces trois pays, surtout celles de Valachie et de Constantinople, jouèrent un rôle primordial dans la conception d’un État bulgare indépendant, dans la recherche d’une conscience nationale bulgare et dans le processus mobilisateur des habitants de la Bulgarie qui aboutit à la création de l’État bulgare.Une partie seulement de ces émigrants retourna en Bulgarie dans les cinquante premières années qui suivirent la fondation de l’État bulgare (1878). Mais les communautés continuèrent toujours à attirer des émigrants jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. On en dénombre ainsi 261 700 en Ukraine et 65 430 dans la république de Moldavie, qui ne sont pas insensibles au sentiment national bulgare.Il devait exister un autre courant d’émigration vers le Banat: celui-là se déclencha au XVIIIe et au XIXe siècle chez ceux qui demeuraient de la secte bogomile et qui avaient été convertis progressivement au catholicisme; ces immigrants, connus sous le nom de Banatski Bolgari, transcrivent encore le bulgare en caractères latins. Les voies d’émigration traditionnelles ayant été coupées par les guerres balkaniques et par la Première Guerre mondiale, les Bulgares émigrèrent en Amérique et en Australie. Ils constituèrent dans ces pays des communautés florissantes qui ne cessèrent de grandir jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.De nos jours, une importante organisation, l’E.P.O., regroupe les représentants de toutes les villes de Macédoine vivant aux États-Unis et au Canada. Il faut noter qu’une migration saisonnière vers l’Europe centrale vit le jour en Bulgarie entre les deux guerres. Dans les années 1930, 200 000 saisonniers bulgares se rendaient en Roumanie et en Hongrie. Aux communautés bulgares d’Europe centrale, d’Amérique et d’Australie s’est joint, durant les guerres balkaniques et entre les deux guerres mondiales, un fort courant de Macédoniens qui avaient déjà émigré en Bulgarie, mais qui n’avaient pu y trouver un emploi autre que celui d’hommes de main dans les conflits entre partis politiques; cette émigration ne se confond pas avec l’émigration macédonienne de l’ancienne république socialiste fédérative de Yougoslavie, mais bien avec l’émigration bulgare, car on retrouve dans son sein la tendance qui veut rattacher la Macédoine à la Bulgarie ainsi que celle qui demande une Macédoine indépendante; ce mouvement se différencie de celui des Macédoniens de l’ancienne république socialiste fédérative de Yougoslavie par l’attachement des Macédo-Bulgares à l’Église bulgare (l’Exarchat), qui avait mené autrefois une lutte acharnée sur le territoire de la Macédoine contre l’Église orthodoxe dépendante du patriarcat de Constantinople. L’émigration a cessé avec l’avènement du pouvoir communiste en Bulgarie.
Encyclopédie Universelle. 2012.